Emission sur RFI – 18 décembre 2016

Emission sur RFI – 18 décembre 2016

RFI (18 décembre 2016)

Emission sur RFI – 18 décembre 2016

 

Tugdual Derville, délégué général de l’Alliance Vita et cofondateur du Courant pour une écologie humaine, réagit à la proposition de loi votée en première lecture sur l’élargissement du délit d’entrave à l’IVG, proposition qui vise à pénaliser les sites internet qui incitent les femmes à ne pas avorter. Il revient également sur les grands points de son livre Le temps de l’homme : pour une révolution de l’écologie humaine (Plon).

Radio présence – 15 décembre 2016

Radio présence – 15 décembre 2016

Radio Présence
(15 décembre 2016)

Radio présence – 15 décembre 2016

 


Tugdual Derville était l’invité d’Emmanuel Pellat sur Radio Présence le 15 décembre 2016, pour présenter son livre « Le temps de l’Homme, pour une Révolution de l’écologie humaine » (Plon 2106).

Écologie humaine : le temps de la reconstruction

Écologie humaine : le temps de la reconstruction

Conscientia
(22 septembre 2016)

Écologie humaine : le temps de la reconstruction

 mano e terra

 

EN 1951, Romano Guardini s’interrogeait sur la croissance irrésistible de la puissance technique de l’homme contemporain. Pour le philosophe, « la tâche centrale de notre époque sera d’ordonner sa puissance de telle sorte que l’homme soit capable de subsister en tant qu’homme. Il sera placé devant cette option : devenir aussi fort en son humanité que sa puissance est grande ou bien lui être livré et succomber » (La Puissance, essai sur le règne de l’homme, Seuil). Soixante-cinq ans plus tard, Tugdual Derville reprend l’interrogation dans les mêmes termes : l’autodestruction de l’homme par l’homme n’est pas réductible à un quelconque péril nucléaire, c’est l’homme dans son identité qui est directement menacé.

Comme lutter contre la dissolution de l’homme dans les délires de l’absolutisme technologique ? C’est le défi de l’écologie humaine. Depuis longtemps, le délégué général d’Alliance Vita, co-fondateur du Courant pour une écologie humaine, poursuit un grand dessein : infuser dans la société tout entière des ferments d’humanisme intégral en s’appuyant sur ses ressorts les plus généreux. Sa démarche est thérapeutique : il s’agit de panser les blessures que le monde s’inflige à lui-même.

La prise de conscience écologique fascine Tugdual Derville. Le retour vers les lois de la nature est une aspiration très largement partagée dans l’opinion pour contenir les démesures de la toute-puissance de l’homme contemporain. Cette tendance, même confuse, est très positive. En outre, elle parcourt l’ensemble de la société, transcende les clivages. En lui donnant la cohérence qui lui manque, car elle est aussi porteuse d’ambiguïtés fâcheuses, comme son panthéisme malthusien, « l’écologie humaine » peut révolutionner une société ébranlée dans ses murs porteurs par cinquante ans de déconstruction libertaire.

Avant les remèdes, le diagnostic. Pour l’écologie scientiste, l’homme est un problème. Pour l’écologie intégrale, c’est une solution, à condition de retrouver l’homme dans sa nature originelle. Or l’homme est aujourd’hui menacé dans son identité et cette menace ne concerne pas seulement les individus, puisqu’elle a des conséquences sociales, bien plus graves, explique Tugdual Derville que la pollution ou le réchauffement climatique qui, au passage, servent souvent de paravent idéologique pour justifier des mesures politiques discutables.

Les sources sociales de l’écologie humaine

Pour retrouver une société d’écologie humaine, explique l’auteur, il faut revenir aux « trois piliers fondateurs » anthropologiques que sont la maternité, la famille et la différence sexuelle. Pour faire un homme, il faut naître d’une femme : « Tout être humain émerge progressivement du corps d’un autre être humain. » Ce qui fut une évidence depuis la nuit des temps devient aujourd’hui une contrainte insupportable pour les « déconstructeurs » de l’idéologie du genre qui s’acharnent à trouver les formules qui, à l’aide de la biologie, permettront de libérer les sexes de leurs déterminismes en prouvant la « neutralité » de l’humanité. D’où les campagnes systématiques, plus ou moins sournoises visant à rendre la maternité purement fonctionnelle, technique ou symbolique.

Après la gestation, l’enfant grandit dans « l’écosystème familial ». Encore une dépendance insupportable : le lien entre l’enfant et sa mère, d’abord, puis avec son père (désigné par la mère) est de plus en plus considéré comme un conditionnement injurieux pour l’émancipation culturelle de l’humanité. L’argument vient aussi bien des écologistes radicaux (Peter Singer) que des utilitaristes scientistes, dont les thèses alimentent toutes les pressions politiques visant à briser le rempart familial contre les manipulations en tout genre.

Dernier socle fondateur d’une société libre : la séparation de l’humanité entre homme et femme, et la relation sexuelle — « l’acte qui célèbre l’humanité avec le plus d’éclat ». De nos jours, le sexe est désacralisé. La consommation de sexe à outrance s’attaque à cette « affaire à la fois tellement publique et tellement personnelle que sa manifestation essentielle a besoin d’être cachée ». Contre la tyrannie du désir, « l’intégration de la sexualité exclusive au mariage est au contraire un facteur déterminant de la cohésion sociale et de la protection des plus vulnérables ».

La situation singulière de la France

Face à cette « dénaturalisation du genre, de la sexualité et de la famille » (Irène Théry), Tugdual Derville constate que la France n’est pas muette. En 2013, des foules immenses déferlent dans les rues pour protester contre la loi Taubira sur le « mariage » dit « pour tous ». Une mobilisation pareille, dans de telles proportions, est inédite. Comment s’explique « le jaillissement de ce mouvement social » ? « La plupart des chroniqueurs [ont] cherché en vain le “logiciel” du mouvement sans comprendre son émergence “organique”. »

La première explication du mouvement est évidemment dans son mobile. Les foules ne descendent pas dans la rue pour chanter la paix dans le monde, mais en réaction à une menace. Les manifestants de 2013 se sont mobilisés pour défendre une conception de l’amour ancrée dans l’humanité, fondée sur le don. C’est véritablement un basculement anthropologique qui a provoqué la révolte et l’indignation : la soumission de la politique à un « glissement technologique dicté par les individus : deux hommes ou deux femmes exigent de la technique de leur fournir l’enfant que la nature leur refuse, sans respecter l’intérêt de l’enfant ». Ce n’est pas la vie qui était touchée, mais la source de la vie, et le peuple, fût-il une minorité, n’a pas voulu taire l’indignation de sa conscience. Un mur porteur de la société, le mariage, était ébranlé dans la loi selon un mécanisme subversif redoutable : élargir avant d’abolir.

Le mobile des manifestants n’explique pas tout. Pour Tugdual Derville, ces derniers ont révélé, peut-être à leur insu, la « vitalité souterraine du personnalisme français ». La révolte n’est pas venue de nulle part. Certes, « la révolution libertaire a mis quarante ans pour imprégner la France en profondeur », mais la France a des racines autrement plus lointaines. L’auteur signe ses plus belles pages en parlant de l’originalité française. Il croit que la France, terre de culture, de civilisation, pays de la dignité, des droits de l’homme, « où la femme est aimée », portée à l’universel, a semé dans son inconscient collectif les anticorps humains et intellectuels qui ont permis le sursaut, et qui expliquent pourquoi l’indignation populaire contre la dénaturation légale du mariage, pourtant largement répandue désormais dans le monde entier, n’a pas connu une telle mobilisation dans d’autres pays.

Dans l’humus de la société

Mais la partie la plus intéressante du Temps de l’homme est sans doute ici : comment se tisse un tel mouvement social de fond ?  « Tout mouvement social authentique répond à trois critères : il est spontané, anarchique, foisonnant. » Ce fut la caractéristique des manifestations de 2013. Nul parti, nul syndicat n’a jamais pu réunir de telles foules, comme l’a constaté le sociologue Gaël Brustier (Le Mai 68 conservateur, Cerf). Quand bien même la réussite des « manifs » oscillera au gré des évènements, les ressources intérieures du mouvement ne peuvent pas se mesurer à sa seule capacité de mobilisation quantitative.

Tugdual Derville emprunte aux sciences du vivant une analogie botanique particulièrement évocatrice : « Entre les manifestations monstres et cette révolution silencieuse, il y a le même rapport entre les champignons et leur mycélium, ce réseau de fines racines interconnectées qui en constitue l’élément permanent. » Autrement dit, il y dans l’humus de la société une « force de construction vitale », structurante, qui agit en conformité avec sa vocation : « tisser humblement du lien humanisant, construire et réparer la société, à partir des relations originelles, filiales, familiales et nationales ». Ainsi, « pendant que les penseurs de la déconstruction sapent la société, les “panseurs” la bâtissent, en prenant soin de ses membres fragilisé ».

Le Temps de l’homme se présente ainsi comme un véritable traité d’engagement politique des minorités par la créativité sociale. Si cette force de construction a rendu possible les manifestations de 2013 et suivantes, elle peut faire plus, et elle doit « s’organiser », non pas comme une puissance techniquement ordonnée à la prise du pouvoir, mais comme une conscience métapolitique « organique » ordonnée à la reconstruction de la société, sur ses véritables murs porteurs.

On le voit, la perspective rend dérisoire les querelles de chiffonniers qui agitent le temps des élections autour de la nécessité d’unir ses forces sur un mode partisan : le monde ne change que par « les minorités actives, cohérentes et nombreuses ». Pour changer le monde, il faut agir — et non seulement théoriser —, sans rien lâcher sur l’objectif, et de façon multiforme, ce qui n’exclut évidemment pas une présence politique militante, à condition qu’elle soit elle-même cohérente et multiforme, et naturellement dans une dynamique réelle de service.

La cité parallèle

Le constat de Tugdual Derville s’inspire de la réflexion politique des penseurs de la dissidence sous le joug soviétique. Il s’agit de bâtir comme une « cité parallèle ». Il cite Václav Benda (La polis parallèle). Inutile de s’acharner en surface contre le pouvoir totalitaire. La tâche du mycélium est de « ronger petit à petit ces rideaux de fer en miniature, forcer le blocus social et celui de l’information, revenir à la vérité, à la justice, à un ordre de valeur qui ait un sens, faire à nouveau reconnaître le caractère inaliénable de la dignité humaine et la nécessité du vivre-ensemble dans la responsabilité et l’amour mutuel ». Karol Wojtyla ne disait pas autre chose : pour abattre le communisme, « d’abord, arrêter de mentir ». Et Václav Havel : « La formation d’un nouveau modèle politique et économique doit se développer à partir d’un profond changement existentiel et moral de la société » (Essais politiques, 1994).

Là où la tentation politique conduit le manipulé à devenir manipulateur, la victime de la violence à lutter dans le seul rapport de force, il faut rompre avec le cycle de la destruction. Dans cette logique, Benda engageait à construire une résistance positive en occupant tout espace laissé vacant par le pouvoir, sans craindre de coopérer avec lui quand il s’agit de rendre un service social positif. Non seulement, les « structures parallèles » sont nécessaires, mais il convient aussi « d’exploiter les structures existantes en les “humanisant” ». Ainsi, la « fusion paisible des deux cités » conduirait la cité ancrée dans la vérité à dominer paisiblement celle dont l’existence perdure dans la manipulation du pouvoir.  Joseph Ratzinger l’a expliqué ainsi : « On ne peut édifier qu’en édifiant, sans crainte de favoriser le pouvoir du mal » (Église, Œcuménisme et Politique, 1986).

Cette dynamique de la résistance échappe à la tentation du repli sur soi — « forme d’auto-exclusion », y compris dans le radicalisme de la surenchère. Elle justifie toutes les formes d’engagement et d’initiatives, s’adossant les unes aux autres, dans une logique organique et non partisane. Car « la résistance naturelle que la vie oppose au totalitarisme ne suffit pas » : seul « l’espace délibérément élargi de la cité parallèle » permet à la polis parallèle de « creuser des tranchées plus qu’elle n’en perd ». Ainsi le mouvement de 2013 peut-il amorcer le passage de la résistance spontanée et inconsciente à celui de la reconstruction politique, et il réussira s’il demeure dans la logique du mycélium, c’est-à-dire dans la cohérence morale avant tout, autour d’un noyau dur qui saura agir « en radicale conformité avec les valeurs de l’anthropologie du don », celles-là mêmes qui sont attaquées comme le principal obstacle aux constructions mentales insidieuses qui ont pris le relais des totalitarismes mortifères du xxe siècle. (…)

Lire la suite ici.

Article de Philippe de Saint-Germain,  paru dans Liberté politique n° 71, automne 2016.

RCF -12 novembre 2016

RCF -12 novembre 2016

RCF (12 novembre 2016)

RCF -12 novembre 2016

 

Tugdual Derville était l’invité de RCF le 12 novembre 2016, il répondait aux questions de Laetitia de Traversay que son livre « Le temps de l’Homme, pour une révolution de l’écologie humaine », paru chez Plon en 2016.

RCF – 15 novembre 2016

RCF – 15 novembre 2016

RCF (15 novembre 2016)

RCF – 15 novembre 2016

 

Guillaume Desanges recevait Tugdual Derville sur RCF le 15 novembre 2016, pour présenter son livre « Le temps de l’Homme, pour une révolution de l’écologie humaine », à l’occasion de sa conférence à Bourges le 21 novembre.

Radio Espérance – 24 octobre 2016

Radio Espérance – 24 octobre 2016

Radio Espérance
(24 octobre 2016)

Radio Espérance – 24 octobre 2016

Anne-Marie Michel a reçu Tugdual Derville le 24 octobre 2016 sur Radio Espérance, pour présenter son livre « Le temps de l’Homme ».

Émission à réécouter ici :

Les jeudis de la Procure – 15 septembre 2016

Les jeudis de la Procure – 15 septembre 2016

La Procure
(15 septembre 2016)

Les jeudis de la Procure – 15 septembre 2016

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François Maillot reçoit Tugdual Derville à la Procure dans le cadre de l’émission « Les jeudis de la Procure », le 15 septembre 2016.

Retrouvez cette émission ici.

Ouest-France – 31 août 2016 – « Pour une écologie de l’humanité »

Ouest-France – 31 août 2016 – « Pour une écologie de l’humanité »

Ouest-France
(31 août 2016)

Ouest-France – 31 août 2016 – « Pour une écologie de l’humanité »

give the world the new generation

Pourquoi se battre pour sauvegarder la Terre, notre « maison commune », si c’est pour laisser l’humanité s’autodétruire ?

La conscience de la fragilité de nos écosystèmes est presque acquise. Les dégâts sont sous nos yeux : pollution, défiguration des paysages, perte de la biodiversité. Chacun sait que nous devons faire des efforts personnels et collectifs pour préserver l’environnement, afin de transmettre aux générations à venir une nature hospitalière, un air respirable et une planète habitable.

Mais quelle humanité allons-nous léguer au futur ?

Question étrange ? Elle s’avère au moins aussi cruciale que le défi environnemental. Car les repères d’humanité hérités de nos ancêtres sont contestés. Alors que nous avons tous été conçus d’un homme et d’une femme, alors qu’au début de son existence chacun s’est développé pendant des mois à l’intérieur d’un corps maternel, les « déconstructeurs » ne se cachent pas de vouloir casser ces murs porteurs de notre identité. Ils s’acharnent sur la famille, avec laquelle ils règlent en général de douloureux comptes personnels. Pour s’en « libérer », ils nient la valeur de la fidélité sexuelle. Ils tablent sur les fulgurants progrès des biotechnologies pour aboutir à un homme « hors-sol », sans attaches, déraciné. Certains scientistes vont jusqu’à pronostiquer la fin de l’homo sapiens basique, à remplacer par le post-humain unisexe et tout-puissant, homme-dieu sans Dieu, fusion artificielle entre chair et machine.

Menace d’un nouveau totalitarisme

Des dérives spectaculaires alimentent leurs fantasmes : en Allemagne, une personne transsexuelle a tenu à accoucher comme « père » (à l’état civil) de son enfant, dont elle n’a pas voulu dire le sexe.

En Grande-Bretagne, la conception artificielle de bébés à trois parents génétiques (deux mères et un père) est désormais légale. En Chine, des chercheurs modifient génétiquement des embryons humains… D’autres annoncent « l’utérus artificiel », soit la gestation complète hors du corps féminin.

Devrions-nous abandonner la parité universelle homme-femme dont nous sommes tous nés, la gestation corporelle marquée par la richesse des relations intra-utérines entre la mère et son enfant, et la famille, écosystème de base de toute société humaine ? On serait en droit de se révolter : ce serait un flagrant déni d’écologie humaine ! Car ces repères originels fondent la nature de l’homme : recevoir et transmettre la vie gratuitement, c’est la source de la bienveillance et de l’altruisme.

Notre enracinement dans une histoire personnelle – biologique, familiale et géographique – nous aide tous à nous reconnaître libres, égaux et frères.

Quel sens aurait la liberté si les enfants étaient programmés selon les désirs impératifs de « commanditaires » ? Quel sens aurait l’égalité s’ils étaient conçus et achetés comme des objets industriels qu’on vérifie et qu’on trie, pour éliminer les « ratés » comme de vulgaires déchets ? Et que deviendrait la fraternité dans une société amputée de la famille, lieu où l’on apprend tant bien que mal à se respecter et à s’aimer sans s’être choisis ?

Il est temps de protéger l’altérité sexuelle dans l’engendrement, la gestation dans le corps maternel et la famille comme lieu naturel d’épanouissement de la vie, sans oublier l’intégrité de notre génome, que l’Unesco reconnaît comme patrimoine de l’Humanité. Face à la menace d’un nouveau totalitarisme technologique, la pérennité de notre société passe par le respect du corps sexué. Précieux, fécond et fragile. Humble creuset de toute humanité.

Point de vue de Tugdual Derville, paru le 31 août 2016 dans Ouest-France.

Le Figaro – 3 août 2016 – « Le courant pour une “écologie humaine” a désormais son manifeste »

Le Figaro – 3 août 2016 – « Le courant pour une “écologie humaine” a désormais son manifeste »

Le Figaro (08 août 2016)

Le Figaro – 3 août 2016 – « Le courant pour une “écologie humaine” a désormais son manifeste »

gérard leclerc

Tribune parue dans Le Figaro, le 3 août 2016 –
L’essayiste salue le nouveau livre de Tugdual Derville  qui défend une vision de l’homme opposée au transhumanisme et à l’euthanasie. Gérard Leclerc est éditorialiste à Radio Notre-Dame et à France catholique.

 

L’écologie est plus qu’à la mode. Fort heureusement, car la cause vaut beaucoup mieux que certains de ses leaders proclamés. Elle est même impérative pour toutes les raisons que l’on sait. Mais l’écologie pose un problème singulier. Au-delà de ses sectes les plus extrémistes, elle a mis l’homme en procès pour crime envers la nature. L’homme, ce pelé, ce galeux dont vient tout le mal… Le procès n’est pas illégitime, il pèche néanmoins par défaut ou insuffisance. Car le coupable est aussi victime.

Victime de lui-même, sans aucun doute, mais victime de plus en plus en péril dans la mesure où le saccage dénoncé le vise de plus en plus directement dans son intégrité physique et morale. De cela, la plupart des écologistes patentés n’ont cure. Ils sont souvent parmi les premiers à militer, au nom de prétendues conquêtes sociétales, en faveur de ce qui détruit le plus implacablement le cœur même de notre humanité. Qu’il s’agisse de PMA, de GPA, d’euthanasie, ils combattent, à quelques exceptions près, pour la déshumanisation accélérée de notre espèce, sans comprendre à quel processus infernal ils se sont enchaînés. Processus magistralement démonté par Tugdual Derville dans Le Temps de l’homme. Pour une révolution de l’écologie humaine (Plon). L’ouvrage vient d’être publié et s’impose comme un fanal lumineux au milieu de tous les défis de notre temps.

Que nous dit-il d’essentiel ? « De toutes les façons, nous n’avons plus le choix : la révolution bio-technologique place l’humanité au pied du mur. Pour se préserver de la dénaturation, l’homme doit maintenant se définir. Il lui faut comprendre son identité pour y consentir et s’humaniser davantage. Cela suppose de résister aux nouvelles sirènes scientistes. Car leur chanson, devenue tonitruante, annonce une “redéfinition de l’homme”. Nous ne contesterons ni la science, ni la technique, ni la médecine qui sauvent tant de vies. Mais peut-on laisser les richissimes multinationales du web devenir plus puissantes que les États eux-mêmes dans leur prétention à remodeler l’homme, jusqu’à imaginer de le rendre immortel ? Comment préserver l’humanité d’une dissolution dans l’absolutisme technologique ? » Certes, Tugdual Derville a eu des prédécesseurs dans la dénonciation prophétique de ce que Günther Anders appelait l’obsolescence de l’homme. Mais nous sommes parvenus à cette phase ultérieure où l’hubris technicienne convoite le mythe du cyborg et où Günther Anders se voit confirmé dans la plus tragique de ses hantises.

Dès lors, la priorité de définir une écologie humaine s’affirme comme une nécessité absolue. Et c’est peut-être aux écologistes qu’il revient d’abord d’en prendre conscience, en franchissant un degré supplémentaire. Ontologique, si l’on veut. Il y a une spécificité de l’humain à reconnaître, sans se tromper. Il ne s’agit nullement de réduire l’homme à la nature, dont il ne saurait émerger comme un simple chaînon de l’évolution. Il est à lui-même son propre oikos, sa propre demeure, qu’il faut explorer avec l’attention adéquate. C’est cette attention extrême en même temps que délicate, que Tugdual Derville exerce avec sagacité et précision. Son langage n’est pas celui d’un philosophe, il n’en obéit pas moins à toutes les requêtes d’une phénoménologie dont le langage restitue la chose même, notre humanité la plus vivante et parfois la plus fragile. Ce faisant, il s’oppose de front à la mentalité qui, faisant de tout un objet de construction, soutient puissamment le projet d’assujettissement de l’humain par la technique.

La sexualité constitue aujourd’hui un des plus vifs enjeux de l’écologie humaine, car l’idéologie du genre, qui entend l’abstraire de ses conditions charnelles en l’érigeant en artefact pseudo-culturel, précipite sa chute irrémédiable. Le délire constructiviste produit ainsi ses pires ravages : « Car la relation sexuelle – celle qui engage le corps, le cœur et l’âme dans un présent d’éternité – est l’acte qui célèbre l’humanité avec le plus d’éclat. Chez l’homme, le sexe relève du sacré. Il combine, au naturel, l’intimité la plus profonde entre deux êtres et l’ouverture à la vie. » Inutile de dire que nous sommes au centre d’une lutte inexpiable, où l’État socialiste a pris parti de la façon la plus idéologique pour «la dénaturalisation du genre, de la sexualité et de la famille », s’exposant ainsi à un formidable mouvement de fond, qui n’a pas fini de produire ses effets en chaîne.

D’où justement le projet révolutionnaire, constructif d’une écologie humaine. Mais à un projet qui est aussi d’ordre politique, il faut une stratégie, un enracinement populaire, des positions offensives (non pas pour faire du mal mais pour créer du lien). Le mérite de celui que dessine Tugdual Derville est de s’intégrer à ce que Maurice Clavel appelait le mouvement de la vie, dans ses plus beaux fleurons. Il utilise à ce propos une métaphore très suggestive, celle du mycélium – « ce réseau de fines racines interconnectées » qui innerve l’humus de nos campagnes et permet l’efflorescence des champignons les plus savoureux. Le mycélium de l’écologie humaine est à la pointe de la créativité sociale. Il est à l’origine «d’une multitude d’initiatives destinées à sortir de l’isolement et de l’exclusion les personnes concernées par le handicap, celles qui survivent dans la rue, les personnes âgées seules, les femmes enceintes abandonnées, les enfants maltraités, les personnes en fin de vie…». Drôle de troupe révolutionnaire ? Bien sûr, mais elle entraîne d’autres solidarités, de proche en proche. Elle a le mérite précieux de sauvegarder et faire grandir ce qu’il y a de meilleur et de plus fécond en nous. Il faut lire, d’urgence, Tugdual Derville ! Il nous offre les clés en or d’un avenir où il n’est plus question de l’obsolescence de l’homme.

La Vie – 05 juillet 2016 – « Visionnaires, levez-vous ! »

La Vie – 05 juillet 2016 – « Visionnaires, levez-vous ! »

La Vie ( 05 juillet 2016)

La Vie – 05 juillet 2016 – « Visionnaires, levez-vous ! »

Le livre de Tugdual Derville, Le temps de l’Homme, est recensé  par Jean-Pierre Denis dans l’édito de La Vie du 05 juillet 2016.

© Halfpoint / iStock

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La sonde Juno est arrivée dans l’orbite de Jupiter, comptant sur l’énergie solaire pour déployer ses instruments d’observation. Chaque jour, de nouvelles découvertes ouvrent d’autres horizons à la connaissance, à l’entreprise, à l’émerveillement. Elles font éprouver notre communauté de destin et la grandeur de ce qui s’offre. Et pourtant une sourde inquiétude rode. Le génie humain entre dans une phase d’accélération palpitante, mais apoplectique. Plus le temps de penser ou de respirer. Il faut suivre. Tout vacille. Tout ce qui fait la matérialité de nos corps, de nos emplois, de nos pratiques ; tout ce qui tisse nos appartenances, nos cultures, notre imaginaire ; tout ce qui nous pose sur un sol, ce qui nous inscrit dans une filiation ou une histoire, ce qui donne sens à nos amours, à nos engagements, à nos vies. Sommés de nous adapter, nous voyons l’humanité se fendre en deux camps, qui sont peut-être les riches et les pauvres de demain. Les enthousiastes et les sursitaires. Les globalisés technophiles et les mohicans périphériques. Ceux qui surfent et ceux qui rament. Quelle autorité saura les réconcilier ?

Le transhumanisme vise à dépasser l’humanité pour la remplacer par une sorte de surhumanité robotisée et désincarnée. « Et si l’homme était en train de se retourner contre lui-même ? », s’interroge Tugdual Derville dans un récent essai (le Temps de l’homme, Plon). « Un nouveau totalitarisme se profile, il est technologique », pense ce militant de « l’écologie humaine ». À l’émergence de « l’homme augmenté », Derville oppose la résistance de « l’homme fragile ». Mais il n’y a pas que l’anthropologie, il y a l’anthropocène. Nous ne façonnons plus notre environnement immédiat, nous tenons la planète entre les mains. L’homme se voit promettre d’un côté l’éternité terrestre, de l’autre une prochaine extinction. Nous serions à la fois réparés et condamnés. (…)

Lire la suite ici.

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